Archibald Damon Spencer ▬ Et ta débauche ne leurre qu’un instant ton désespoir caché .

Archibald Damon Spencer ▬ Et ta débauche ne leurre qu’un instant ton désespoir caché . 14kcx6v

_ Je n'ai rien à déclarer à_
_part que je suis génial »_

— Archibald Damon Spencer
— 25 août 1989
— 24 mars 2009 enfin, je crois
— L&H ; love and happiness
— Etudiant en éco-droit
— Anglaise et française.
— Gaspard Ulliel

_ Je suis une légende »_

Je n’ai pas l’habitude de parler de moi, de ma vie ou encore de ce que je ressens aux parfaits inconnus. Je ne suis pas de ceux qui aiment conter leurs prouesses ou désenchantements dont le bon Dieu a bien pu les gratifier. Mais passons, le cahier à reliure bleue posé sur ma table de chevet semblait m’appeler et je me surpris moi-même à l’ouvrir et rédiger ces quelques phrases de mon écriture brouillonne et peu soignée. Une écriture d’artiste dit-on. Une envie soudaine de poser des mots sur le papier comme si la plume était une échappatoire. Lâcher du lest après tant de mutisme, faire un point sur ma vie jusqu'à aujourd’hui.
J’ai vu le jour un après-midi de l’été mille neuf cent quatre-vingt neuf où la chaleur fut tellement éprouvante que ma mère, tomba dans les pommes pendant qu'elle perdait les eaux. Après quatre heures et seize minutes de travail, je suis né. Éprouvant m’avait-t-elle dit, doux euphémisme en réalité, j'étais déjà très têtu. Peut-être était-ce ma faute si ma sœur tarda trois bonnes années à arriver ? Ma mère me nomma Archibald en hommage à son grand-père qui paraît-il était un grand officier de l'armée française ayant combattu sur le front pour sa patrie. Un bien laid prénom si vous voulez mon avis mais mon paternel me sauva la mise en me baptisant Damon qui me sied beaucoup mieux. Un véritable démon cornu suis-je suis devenu.
Alexandra Rose Delacroix, fille de bonne famille rencontre Gregory Spencer, simple notaire anglais lors d'un voyage et en tombe folle amoureuse. Ils se marient au grand malheur de mes ancêtres Delacroix qui rêvait de voir leur fortune grossir et croître de quelques millions encore. Qu'importe, l'argent ne comptait pas pour la jeune femme de vingt-cinq ans alors et épouser monsieur Spencer était son grand rêve. J'ai bien dit 'était'. Deux enfants plus tard, dix kilos en plus et quelques rides bien placées, le mariage bat de l'aile. Elle est dépressive ne supportant pas l'âge et les absences répétitives de son mari. Il est trop pris par son travail dit-il mais en réalité passe son temps à coucher avec ses secrétaires pendant ce qu'il appelle 'ses voyages d'affaires'. Un jour, sa femme apprend toute la vérité, ils se disputent devant les yeux de leurs enfants qui les somment d'arrêter, il lui assène une gifle, elle prend son manteau et ses clés, démarre la voiture. Nous sommes le 14 janvier 2005, j'avais seize ans, ma petite sœur treize. Nous apprendrons le soir-même par le flash d'informations de vingt heures que notre mère a été victime d'un accident de la route et est morte sur le coup. Le dernier souvenir que j'ai d'elle avant sa mort ? L'image de ma mère en pleurs, du mascara dégoulinant de ses yeux criant entre trois sanglots : 'Je reviendrais chercher mes enfants, c'est compris !'. Mais elle n'a jamais pu revenir. Et je n'ai jamais pu pardonné à mon géniteur de l'avoir tuée, lui ne s'enfonça que plus encore dans 'son travail' et ne s'occupait plus de ses enfants. J'essayais d'oublier avec l'alcool et les filles, j'avais déjà l'habitude de passer mes nuits à m'enivrer juste pour ne pas à avoir subir leurs disputes quotidiennes. Des éclats de voix ? La minute d'après, j'étais déjà dehors, une cigarette à la main, passant des coups de fils à qui voulaient faire la fête en ma compagnie. Je dormais souvent dehors mais ils ne s'en apercevaient même pas. Ma sœur pleurait dans sa chambre, moi, j'étais plus fort, ils n 'allaient rien avoir de moi.
Dur j'étais, c'est vrai. J'avais appris à ne jamais montrer ce que je ressentais, c'était pour les faibles clamais-je. Arrogant, froid, coureur de jupons et sans scrupules, pour survivre et gagner, il faut se comporter en winner. Je m'étais jurée que jamais on ne me verrait en position de faiblesse ou du moins, si quelque chose n'allait pas comme il le fallait, personne ne devrait s'en apercevoir.
Mais je me trompais. Ce en quoi je croyais - c'est-à-dire rester de marbre en toutes situations et n'avoir jamais connu l'amour - allait tomber en morceaux car il y en a bien une qui a su percer ma carapace, me rendre faible et impuissant. La seule et l'unique. Une soirée d’été arrosée dans une boite de Sydney, avec une bande d'amis, nous avions convenus de passer les vacances en Australie. Des litres d’alcool dans le sang, je croyais avoir rêvé, et pourtant... Les yeux rivés sur la piste de danse, mon subconscient se refusait de détournait les yeux de ce qui me paraissait le plus bel être du monde. J’avais tout d’abord cru à une hallucination, j’accusais madame Vodka et monsieur Manzana de me jouer des tours. Un halo de lumière semblait émaner de son être, elle, Liliha Kelly Nicolson. Elle m'intriguait tellement. Ce soir-là, nous n’avions échangé que quelques phrases mais tout mon corps en voulait plus, percer ses secrets, la connaître par cœur. Je me suis vite retrouvé prisonnier de son emprise et ce, dès la minute où je l’avais vu. Un « Coup de foudre » ne cessait de dire mes potes entre deux éclats de rires et tapotages d'épaules. J'avais du mal à m'y faire moi-même mais c'était vrai, j'étais... amoureux.
Après toutes les filles avec qui je couchais et que je jetais le matin suivant sans discernement, elle avait réussi à me rendre dépendant à quelque chose d'autre qu'à l'alcool et la cigarette, elle m'avait rendu fou d'elle. A ses lèvres, à son corps, à sa voix, ses éclats de rires. Sa moue enfantine quand elle voulait que je la prenne dans mes bras, ses crises d'hystérie quand je lui disais que j'allais faire la fête sans elle. La preuve, il n'y a qu'elle qui puisse me faire parler, moi, le grand Archibald Damon Spencer, comme une meringue, comme une femme, comme une petite fille qui rêve encore du prince charmant.
Mais tout ça me fait... peur, oui peur! Et si ce n'était pas ce que je voulais en fin de compte ? Je sais que c'est elle mais pourtant une partie de moi le refuse, continue de dire que les fêtes et les filles m'appellent et m'accueillent les bras grands ouverts. Je ne sais plus quoi faire et l'aventure ici m'aidera à y voir clair. Enfin, j'espère.

Je m'arrête d'écrire là, des crampes à la main et une désagréable sensation d'avoir fait quelque chose de complètement idiot. Pourquoi me mettais-je à conter ma vie sur un vieux cahier d'école ? Oh et puis tant pis !

Archibald Damon Spencer dit 'le Démon'.

« Le texte s'achève avec ces mots, la minute qui suit le cahier fut envoyé dans la benne à ordure et Archibald sortit fumer une cigarette devant l'hôtel »

_ That's a secret i never tell »_

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